Régulateurs de croissance dans l'agrumiculture |
L'impact des régulateurs de croissance sur le calibre
Dans ce chapitre, nous nous intéressons aux substances qui peuvent avoir une action sur le calibre. Nous aborderons successivement leur action sur la floraison, la nouaison, l'éclaircissage.Régulation de la floraison des agrumes
L'arbre produit naturellement une quantité limité d'hormones qui sont réparties entre les fleurs auxquelles elles sont indispensables pour leur nouaison.
Compétition entre les fruits
Lorsque les fleurs sont en très grand nombre, ce qui se produit en général après une défoliation, la quantité d'hormones reçue pour chaque fleur est infime, d'autant plus que le nombre de feuilles productrices d'hormones est bas. Il s'agit là de cas pathologiques qui se règlent par les pratiques culturales correspondantes appropriées.Alternance de production
Le second cas qui peut se produire est celui d'une floraison élevée sans qu'elle soit excessive, dans ce cas on peut s'attendre à un nombre important de fruits qui vont d'une part se concurrencer entre eux et d'autre part, inhiber la production de fleurs l'année suivante. On a donc intérêt à limiter le nombre de fleurs.L'ampleur du problème en Australie
Le problème de la floraison élevée se pose en Australie avec acuité pour les Valentia Late. C'est dans ce pays qu'a été mise au point l'application de l'A3G au mois d'Avril-Mai chez eux (Octobre, Novembre au Maroc) avant l'induction florale.Les méthodes de régulation utilisées
Les australiens appliquent deux traitements d'A3G à 25 ppm + 0,75 % d'huile blanche. L'utilisation de l'A3G en Australie ne nous étonne pas car nous avons déjà constaté au Maroc, des réductions de fleurs par application d'A3G à une date aussi précoce que le mois de Mai précédent. Les réductions se produisent même pour des doses aussi basses que 10 ppm.Le rôle de l'A3G dans la floraison des agrumes
On ne cherche jamais au Maroc à diminuer une floraison. On se pose seulement la question dans le cas du clémentinier de savoir si on ne risque pas de la diminuer trop avec des huiles utilisées contre les cochenilles ou de la gibbérelline appliquée contre le Water-Spot.Les conditions d'utilisation
Dans la région à climat continental Marrakech, Béni-Mellal, Guerdane et Od Berhyl et les hautes vallées du Sebbou et de ses affluents, appliquer automatiquement la gibbérelline aux doses régionales.Les régions concernées par le traitement
Dans les autres régions : lorsque les conditions climatiques sont défavorables, on traite aux doses régionales qui varient de 6 à 10 ppm.Les ajustements en fonction des conditions climatiques
Lorsque les conditions sont favorables, il est possible que le traitement n'ait aucun effet positif. On pourra ne pas traiter ou traiter à des doses réduites de 5 à 6 ppm ou encore ne traiter que la face nord dans les régions où elle est régulièrement moins chargée.Les effets de l'huile blanche
Il est bien connu que l'huile blanche utilisée en automne diminue la floraison suivante.On utilise d'autres méthodes que l'A3G et les huiles blanches pour réguler la floraison. Ainsi, pour diminuer le nombre de fleurs par exemple, on peut retarder la récolte.
Les pratiques culturales
On peut également faire une taille bis annuelle l'année où la récolte est faible.On recommande aussi dans le cas d'un jeune verger d'enlever tous les fruits de la première récolte avant qu'ils aient 4 mois. Dans ce cas l'alternance ne se produira pas pendant plusieurs années.
Ils ont également, la possibilité d'utiliser comme porte-greffe la mandarine Empéror qui réduit la tendance à l'alternance. Au Maroc, la question de l'alternance ne se pose pas d'une façon aussi dramatique peut être grâce à l'utilisation du bigaradier.
On disait que les sanguines et les Salustiana alternaient dans certaines régions et notamment à Béni-Mellal. Mais on n'entend plus parler de ce problème actuellement.
Le cas spécifique de la Navel
Dans le cas de la Navel, on cherche plutôt à augmenter le nombre de fleurs. Nous savons que les récoltes tardives de Valentia Late et de clémentine diminuent la floraison et donc inversement les récoltes précoces la favorisent. Il ne semble pas qu'une telle constatation a été faite dans le cas de la Navel.Le rôle essentiel des hormones dans la nouaison
La nouaison, étape cruciale dans le développement d'un fruit, correspond à la transformation d'une fleur fécondée en un fruit immature. Ce processus biologique complexe est étroitement lié à un ensemble de régulateurs de croissance, principalement des hormones végétales.Ces molécules organiques, produites en petites quantités par la plante, agissent comme des messagers chimiques, coordonnant les différents processus physiologiques de la plante, de la germination à la sénescence.
La nouaison : un processus hormonal complexe
La nouaison est obligatoirement provoquée par les régulateurs de croissance. Dans la nature les hormones sont produites par le pollen et la graine. Il semble que l'action des hormones soit additive.Le rôle du pollen et de la graine dans la production d'hormones
En ce sens que plus le nombre de grains de pollen qui germent est élevé plus on a de chance de voir le fruit nouer et se développer rapidement. De même le nombre de graines formé influe sur le calibre. Ce dernier point est bien connu dans le domaine des Monréals, Satsumas et surtout dans le cas des clémentiniers "Monréalisés ".Le seuil hormonal nécessaire à la nouaison
Mais il semble aussi, qu'il y a une limite au-delà de laquelle les auxines n'ont plus d'effet sur la nouaison ni sur le grossissement.Nouaison sans graine : le cas des variétés nobles
Il arrive que cette limite soit atteinte par la seule action du pollen et que la présence de la graine soit superflue. C'est ce qui se produit dans le cas des fruits dont la graine est avortée. C'est le cas de la plupart de variétés nobles d'agrumes Clémentines, Maroc Late, et Navels.La temporalité de l'action hormonale
Un troisième point peu connu est que les hormones ne sont utiles que pendant un certain temps. C'est-à-dire qu'à partir d'un certain âge, le fruit continue à se développer à une même vitesse qu'il ait des graines ou pas. Pour suppléer au manque d'hormones naturelles on fait appel à des hormones synthétiques dont la plus connue est l'A3G.L'A3G : un complément aux hormones naturelles
Etant donné que la quantité d'hormones dont le fruit a besoin est limitée, tout apport extérieur de A3G est inutile lorsque la production naturelle d'hormones est suffisante : c'est ce qui explique que les A3G ne marquent pas sur clémentine les années où le climat permet une bonne production d'hormones naturelles. C'est ce qui se passe dans les zones à climat doux lorsque la floraison se produit par beau temps.L'efficacité de l'A3G en fonction des conditions climatiques
Inversement, lorsqu'il pleut sur la fleur, le transfert du pollen est stoppé et comme les fruits n'ont pas de graines pour suppléer la nouaison est mauvaise.L'interaction entre gibbérelline et pollinisation
La gibbérelline à elle seule peut-elle remplacer le pollen ? Il semble que non, car les observations dans différentes régions ont montré que les augmentations de rendement dues à l'usage de la gibbérelline partaient de préférence sur des petits calibres.L'effet de la gibbérelline sur le calibre des fruits
Il est probable que l'addition de l'effet de la gibbérelline et de celui d'une faible pollinisation arrive à la quantité suffisante pour avoir un bon calibre. Ceci explique que dans un certain nombre d'essais la quantité absolue de calibres commerciaux était plus grande avec la gibbérelline qu'avec le témoin.Les effets négatifs potentiels de la gibbérelline
En poursuivant le raisonnement, lorsque les conditions sont favorables à une bonne pollinisation naturelle, la gibbérelline n'a aucune influence sur les fruits qui accrochent naturellement. Son seul effet est alors de provoquer l'accrochage de fruits supplémentaires qui restent de petit calibre inexportable et concurrencent ceux qui avaient noués naturellement. Dans ces conditions l'effet de la gibbérelline est négatif.Mais il ne suffit pas qu'un fruit ait sa dose maximum d'hormones pour atteindre un calibre maximum puisque nous avons vu que l'action des hormones n'est utile que par un certain temps. Il faut que les fruits soient bien alimentés en quantité et en qualité.
On voit qu'il n'est pas possible d'interpréter l'action de la gibbérelline sans faire intervenir les rendements, le climat et la fertilisation. C'est ce qui explique les différences relevées entre différentes expérimentations.
L'éclaircissage des agrumes : méthodes chimiques et enjeux
Une nouaison abondante, bien que souhaitable dans une certaine mesure, peut s'avérer problématique pour la qualité et la quantité de la production fruitière. En effet, un nombre excessif de fruits sur un arbre entraîne une concurrence pour les ressources (eau, nutriments, lumière), ce qui a des conséquences directes sur le développement de chaque fruit.La nécessité de l'éclaircissage
L'éclaircissage donc, permet de concilier les intérêts économiques des producteurs avec les exigences des consommateurs en matière de qualité des fruits.Le problème de la surproduction et ses conséquences
Lorsque la nouaison est très importante, le nombre de fruits est trop élevé et la concurrence qu'ils se font conduit à un petit calibre. Nous avons parlé dans un autre article de l'éclaircissage à la main.Les limites de l'éclaircissage manuel
Etant donné le côté fastidieux de l’éclaircissage manuelle, les chercheurs se sont tournés vers les éclaircisseurs chimiques.
Les principaux éclaircisseurs chimiques utilisés en agrumiculture sont comme suit.
Le 2,4-D
Théoriquement le 2,4 D est l'éclaircisses chimiques le plus utilisé en agrumiculture. Il n'augmente le calibre que par son action éclaircissante qui d'ailleurs n'est possible que si l'application est faite quelques jours après la nouaison.Il y a donc une certaine contradiction à appliquer le A3G sur la fleur pour accrocher les fruits et à appliquer un éclaircisseur quelques jours après pour les faire tomber.
Dosage et moment d'application
La dose d'emploi varie de 12 à 24 ppm suivant la variété et le stade du fruit.Généralement, l’application de ce produit est conseillé quelques jours après la nouaison.
Effets secondaires et controverses
La littérature dit aussi que l'augmentation du calibre est due à un épaississement de la peau qui devient plus rugueuse. Nous avons également observé une spectaculaire déformation de jeunes pousses recevant le produit.L'usage de 2,4 D n'apparait donc possible que s'il a un effet direct sur le grossissement. Ce qui en contradiction avec la théorie que nous avons exposée plus haut, mais les praticiens ne sont pas d'accord et les recherches continuent pour élucider cette question.
L'éthéphon
La fenêtre d'utilisation optimale de ce produit est recommandée après la chute de juin, car s'il est utilisé avant, l'arbre réagit par une chute de Juin moins importante qui atténue l'effet de l'éthéphon. La réaction des arbres est peut-être la même vis-à-vis des autres éclaircisseurs.Dosage et effets sur la chute des feuilles
La dose conseillée est 250 à 300 ppm. A des doses supérieures le % de fruits qui chutent est plus grand, mais le calibre de fruits restant n'est pas augmenté pour autant.Le pourcentage de chute qu'on peut espérer est de 30 à 55 %. L'efficacité est maximum sur les fruits de 10 à 15 m/m de diamètre.
Limites d'utilisation
L'inconvénient de l'éthéphon est de provoquer des chutes de feuilles qui portent essentiellement sur les plus âgées. Cette chute est variable selon les variétés. Elle est excessive pour une dose de 500 ppm, mais nous avons vu que cette dose est sans intérêt pour l'éclaircissage proprement dit.Le NAA (ANA)
Le N.A.A. (littérature américaine) ou ANA (traduction française) qui a déjà été signalé comme inhibiteur de la croissance des pousses, a été utilisable à la dose de 350 à 500 ppm pour l'éclaircissage des mandarines en Corse.L'époque d'application est la chute de Juin. Il doit être utilisé le soir et non pas le matin. On peut l'appliquer seul ou en mélange avec le H.P.P. Comme il est systémique il ne requiert pas d'application précise.
Le 2-4-5 T
Le 2-4-5 T. a été essayé mais les réponses sont variables, parfois insuffisantes, parfois excessives. L'augmentation de calibre est faible. Il est phytotoxique et il provoque une baisse de rendement qui n'est pas compensée par l'augmentation du calibre. Le produit n'a pas d'application commerciale.Conclusion
D'autre part, les hormones synthétiques, comme les régulateurs de croissance, peuvent être utilisées pour manipuler la croissance des fruits, ce qui peut entraîner une augmentation des calibres ou une chute précoce des jeunes fruits selon l'objectif recherché par les producteurs.